Interview de l’artiste Moodinpix

Parlez-nous un peu de vous ?        

C’est tout un contexte qui m’a amené à travailler autour de l’image. Enfant, chaque matin, avant d’aller à l’école, mes parents mettaient de la musique. Une mère fan de Jazz et de David Bowie, un père fan de Simon and Garfunkel et de Western Spaghetti et une soeur fan de Billy Idol et de Culture Club. Autant dire que, déjà, les visuels des pochettes de disque, l’esthétique cinématographique et les posters géants ont développé chez moi une certaine curiosité pour l’image. Originaire des Hautes-Pyrénées, je passe mes vacances entre la montagne et l’océan et pratique plusieurs sports de glisse. Je rencontre alors l’univers des graphismes du street-wear, des planches de skate, des stickers, des logos etc. Je découvre alors le graffiti et les marqueurs poscas. J’ai alors 15 ans. Lycéenne, j’intègre la section A3 (arts plastiques) de l’époque. Obtention du bac, intégration de la fac d’arts plastiques pour finir par un Master en histoire de l’art contemporaine. C’est à ce moment là, que je découvre l’histoire de l’art du Japon, sa culture et ses codes de représentation. Impossible d’échapper au pouvoir de l’image : c’était écrit ! Quoi que je fasse, j’étais cernée J.

Quel matériel et technique utilisez-vous ?

J’ai beaucoup pratiqué la peinture acrylique et la peinture à l’huile. J’ai fait mes gammes, en quelques sortes, pour pouvoir ensuite trouver mon style. A mon avis, on ne peut être créatif que si on a de solides bases. Aujourd’hui, je continue à travailler de manière traditionnelle pour les dessins : critérium, gomme et papier. Impossible pour moi de travailler directement sur une tablette graphique. J’ai besoin du bruit du crayon sur la feuille, de l’odeur du papier et de la poudre de gomme ! J’utilise des marqueurs à l’alcool ou des crayons de couleurs pour chercher l’ambiance colorée. Les logiciels possèdent des nuanciers, certes, mais là encore, un bon layout permet d’aller très vite ensuite. Je m’en suis rendue compte lorsque je travaillais en tant que designer textile: “un bon dessin au départ et tu finis pas trop tard J ” ! Je passe donc beaucoup de temps sur ma planche à dessin. Ce n’est qu’après, que je branche la tablette graphique. Et c’est parti ! J’utilise principalement Illustrator pour concevoir et Photoshop pour finaliser.

Comment avez-vous débuté et depuis quand ?

A 15 ans, j’ai reçu ma première boite d’aquarelle mais cette technique n’a pas fait long feu entre mes doigts… Trop transparente et délicate à mon goût ! C’est vraiment au lycée que j’ai découvert la liberté de mélanger les techniques et les matières. Puis, comme je l’ai dit plus haut, c’est à la fac que j’ai découvert l’art japonais sous toutes ses formes. J’ai alors commencé à m’intéresser à l’histoire du manga et à cette schématisation extrême des traits, que je trouvais tellement expressifs et explosifs ! Une bouffée d’air frais ! C’est là que j’ai commencé à dessiner des mangas en prenant appui sur des livres pour en comprendre les codes graphiques. Et au fur et à mesure, j’ai commencé à trouver mon style. Finalement, c’est la simplification des traits qui est le plus compliqué ! J’ai réellement commencé l’illustration “jeunesse” sur le tard, il y a 7 ou 8 ans. J’en avais assez des discours « pompeux » sur telle ou telle démarche artistique. Un grand besoin de drôlerie et de fraicheur inévitable ! Et puis, je trouvais les illustrations pour enfants assez tristounettes, que ce soit en boutique ou en ligne.

Comment définiriez-vous votre style ?

Ben… le style « mood{in}pix », traduction personnelle d’« humeur en pixel ».

Toujours de la bonne humeur, ronde, englobante et positive ! Si on contracte les mots, ça donnera le style « ronglotive » J !

Plus qu’un trait, c’est un lieu où rien n’est figé ou tout est possible ! Tout en mouvement, comme l’enfance …

C’est pourquoi mes conceptions graphiques laissent la possibilité aux enfants de se raconter la suite. Un peu comme un livre ou un film où l’on se dit « zut, c’est déjà la fin » et tout reste possible. Prenons l’exemple du tableau « l’aviateur » : où va-t-il ? D’où vient-il ?

Quelles ont été vos influences ?

Tout m’influence ! Tout mon environnement ! Ah ah ! Je suis quand même de la génération du Club Dorothée qui a diffusé les premiers dessins animés japonais. Je vais pas être très originale mais ma préféré était la mini Heidi, la petite fille des montagnes que nous regardions le mercredi avec ma mère et ma sœur pour finir en larmes. Sérieusement, c’était quand même hyper triste et hyper culpabilisateur dans le contenu ! Entre Candy l’orpheline et Rémi sans familles, on avait de quoi s’effondrer. Plus proche de nous, je vais faire classique mais ce sera Miyazaki et Takahata pour les animes. Dans le cinéma japonais, Kitano et Kurosawa pour leurs esprits comico-tragique. Du tragi-comique dans un écrin de finesse, voilà ! L’univers du tatouage, La nature et les animaux me fascinent. On pourrait en parler des heures… Mais mon inspiration première est celle de la vie de tous les jours, de ce que je vois, de ce que j’entends … Le tableau l’aviateur est sorti sur le papier parce que j’avais l’A400M qui faisait ses essais au-dessus de chez moi !!! C’est pourquoi, je pense que l’on est influencé par tout notre environnement. Souvent, on croit inventer quelque chose mais cela sort toujours de quelque part : la fameuse impression de « déjà vu »….

Que pensez-vous d’Hexoa ?

Cela va faire très interview de comédienne sur la croisette mais c’est l’histoire d’une rencontre entre deux amis d’enfance ou plutôt deux amis de foot. Ils se racontent leurs vies et j’arrive dans la conversation, échange de carte de visite et hop, c’est parti ! Une rencontre donc, dans une rue, au bon moment au bon endroit. Travailler avec Hexoa, c’est travailler en toute liberté. En effet, la boutique cherche à promouvoir l’originalité. Contrairement à beaucoup d’autres, je ne me sens pas contrainte de faire pour faire, ni acculer pour faire de la quantité. Et cela est primordial pour faire du travail non répétitif et surtout continuer à y prendre du plaisir. La créativité ne s’impose pas. J’ai bien évidemment prospecté les autres sites spécialisés dans l’illustration jeunesse mais quand j’ai vu la quantité et surtout l’homogénéité des créations, presque copiées-collées les unes sur les autres,  j’ai voulu rester cohérente avec moi-même. C’est ça Hexoa : on reste ce que l’on est, on tente l’aventure ! Bon par contre, à l’heure où je vous raconte tout ça, il faut quand même que je finalise les dernières créas …

Une anecdote à vous faire partager ?

Deux anecdotes oui !

En sortant de la classe de 3^ème, je voulais éviter de faire des études qui me figerait dans ma tête. Il était prévu que je fasse un lycée classique…Je voulais dessiner, apprendre à regarder : rien d’autre. J’ai donc envoyé un dossier en cachette au seul lycée qui avait la section Arts Plastiques de mon département. J’ai croisé les doigts et j’ai été prise ! J’avais trouvé ma voie !

Il y a quelque année, j’ai fait un concours de dessin entièrement réalisé aux marqueurs à l’alcool pour une célèbre marque. J’ai gagné le 10^ème prix national. Quelques jours plus tard, préparant le capes d’arts plastiques, un professeur me rend un travail que j’avais réalisé avec ses mêmes marqueurs. Et en voici le commentaire : « n’utilisez pas une technique que vous ne connaissez pas ». Rohhhhh !!! Je m’empressais alors de faire une roulade sur moi-même  J, de ne rien dire et de garder pour moi mon fameux prix !

Suivez moi sur facebook .

Voici quelques créations de l’artiste Moodinpix :